La Dominique

Caraïbes

Après avoir cherché le meilleur compromis pour le voyage hivernal raconté ici « A la recherche du voyage idéal » , le jour du départ est enfin arrivé. Nous sommes le 13 mars 2008 et nous avons rendez-vous à Orly Sud pour l’embarquement à bord d’un avion d’Air Caraïbe. Nous enregistrons les sacs de voyage rapidement, il nous est autorisé 25 kg par personne. Mon sac est un peu plus lourd, j’y ai mis une grande partie de mon matériel vidéo, mais cela ne pose aucun problème. Nous serons même surclassées pour ce vol.  Nous nous préparons à atterrir 8h30 plus tard dans le nouvel aéroport de Pointe-à-Pitre. Je dis nouvel, car, quinze ans plus tôt, l’avion avait approché l’autre aérogare. Nous avons un hublot et profitons largement du grand détour fait par l’avion pour se mettre en ligne avec la piste : nous survolons la côte nord jusque la grande mangrove, c’est magnifique !

Nous récupérons les bagages assez vite, mais le taxi qui doit nous amener à l’hôtel n’est pas là… Nous attendons une demi-heure avant d’appeler l’hôtel qui nous adressera ce dernier.  Nous traversons Pointe-à-Pitre et nous y baladons jusqu’au soir. Demain, nous empruntons l’Express des îles pour notre destination Roseau.

C’est une grosse averse qui nous accueille à la gare maritime. Il y a vraiment beaucoup de monde pour enregistrer les bagages, c’est assez désorganisé…Nous partirons à l’heure prévue, la mer est d’huile. Nous sommes installées sur le pont supérieur et admirons le paysage. Nous apercevons Marie-Galante, puis Les Saintes de l’autre coté. Assez rapidement, nous distinguons le relief imposant de la Dominique. Cette île est parait-il la plus volcanique des Antilles et nous dévoile ses grands massifs plongeant directement dans la mer. Alors que nous approchons de la première ville, j’aperçois comme une grosse vapeur au dessus de l’eau et cela m’intrigue. Je réalise assez vite qu’il s’agit d’une baleine. Je cours alors à l’arrière du bateau pour prévenir Françoise ! Mais elle fait de même, car elle l’a également aperçue. Elle prend une photo qui ne rendra pas autant que nous aurions pu l’espérer, mais cet accueil nous donne un large sourire !  Après une heure et demi de bateau, nous arrivons à Roseau, la capitale. Le port n’est à mon sens pas adapté car il n’est pas du tout protégé, nous en aurons la confirmation au retour…

Le débarquement est aussi chaotique et bruyant que l’embarquement, nous nous retrouvons en-dehors de la gare maritime presqu’une heure après être arrivée. Le taxi est là et nous grimpons dans le 4×4. La ville nous semble ressembler aux anciennes Antilles avec toutes ces maisons en bois de forme caractéristique, les routes y sont très étroites. Le taxi file le long de la côte et nous arrivons au Tamarind tree une demi-heure plus tard.

Il s’agit d’une toute petite structure. Annette, la patronne nous accueille et nous explique le fonctionnement de l’hôtel. Elle parle très bien français même si, ici, la langue anglaise est de rigueur. Nous nous installons dans notre chambre qui dispose d’une magnifique vue sur la mer.

Après avoir grignoté un peu, nous descendons en contrebas vers le club. Loin d’être désagréable, le chemin qui mène au club n’est pas aussi charmant que celui évoqué dans les brochures. Il faut redescendre sur la route et trouver un tout petit chemin qui descend vers la mer. La descente est très abrupte, ce qui nous fera donc une belle grimpette au retour. Il faut compter un bon quart d’heure pour une marche de non randonneur.

Nous sommes accueillies rapidement et chaleureusement par Béatrice et Harald. Ce dernier remonte en 4×4 chercher notre matériel de plongée à l’hôtel- ouf, je ne l’aurais pas descendu si facilement ! Le club est idéalement situé sur la plage de sable noir, Béatrice dirige le petit restaurant « La doudou » où nous mangerons le midi. Nous sommes dans une petite structure et apprécions ce côté intimiste. Le principe ici est « two tanks dive », départ à 8h30, un bloc est fourni si l’on veut plonger du bord l’après-midi. On nous attribue une caisse dans laquelle seront rangées nos affaires, un cintre pour suspendre nos combis et un emplacement pour suspendre nos stabs. Le rendez-vous est pris pour le lendemain matin  Les sites de plongée sont très proches du centre, nous arrivons donc rapidement sur notre première plongée. Nous constatons avec plaisir que le club a disposé des corps-morts sur ses différents sites, le bateau n’abimera pas le récif !  

Voici donc les plongées :

Rena’s reef west : conditions excellentes, soleil, mer calme, pas de courant  Il s’agit d’un récif corallien descendant en pente douce vers le sable aux alentours de 25m. Le récif est très riche en éponges en tout genre, en gorgones et est très préservé. La vie est abondante en poissons de taille moyenne à petite : anges français juvéniles, diodons, trompettes, murènes noires, coffres mouton, papillons pinocchio, grama loreto, tétrodons nains, hamlets, soldats, crevettes bleues et petits perroquets sont les espèces que nous rencontrerons sur quasi toutes les plongées. Je ne les évoquerai pas sur les autres plongées, bien que nous les ayons certainement croisées. Nous ne verrons rien de gros ici.

Easy street south :soleil, visibilité moyenne, pas de courant

Nous plongeons proche du bord et les ressacs imposent bon nombre de particules. Nous cherchons là quelques spécimens locaux : Poisson chauve-souris, que nous ne trouverons pas et rouget volant que nous observerons plusieurs fois. Nous rencontrerons une tortue se reposant dans une grotte, un hippocampe orangé bercé par le ressac, des chevaliers, un scorpion nommé « vingt quatre heure » et un carrelet.

Brain reef :  Soleil, léger courant, bonne visibilité  

Petit tombant sur 30m surmonté d’un joli récif. Nous nous laisserons emportés par un faible courant le long du récif pour terminer la plongée parmi les éponges géantes et les nombreuses gorgones. En particulier, rencontre avec un grand barracuda d’un bon mètre, poisson ange bicolore.

Doudou’s reef north : Bonne visi, soleil

C’est cette plongée que nous pouvons faire du bord. Le récif est très peu profond puisqu’au maximum d’une dizaine de mètres. Nous y rencontrons de toutes petites murènes pas plus grosses qu’un doigt, un poisson ange royal juvénile, un hippocampe vert et un autre rose un peu plus loin, un poisson crapaud jaune posé sur une grosse éponge. Visiblement, Harald est très content de trouver ce dernier, il le cherche depuis plusieurs mois !  Nous referons cette même plongée l’après-midi. Il faut faire un capelé d’une dizaine de minutes pour arriver sur le site. Il n’est pas possible d’y plonger si la mer est agitée, la visibilité pouvant se dégrader énormément au vu de la proximité du rivage. Nous trouvons une serpentine, une raie torpille et un gros crabe. L’événement se déroule autour du poisson crapaud qui est allé, on ne sait pourquoi, se coincer dans la nasse d’un pêcheur. Je croyais qu’ils ne bougeaient pas ces poissons, j’avais tort. Harald ne voulant pas voir disparaître son Crapaud jaune, a décousu le fond de la nasse pour libérer le poisson et le reposer sur son éponge.

Soufrière corner : visibilité excellente, soleil, pas de courant  

Nous partons ce jour-là en direction des plongées de Scott’s head qui se situent à une petite heure de bateau vers le sud de l’île. Nous plongeons sur les bords d’un volcan sous-marin. Les tombants sont assez vertigineux et très concrétionnés. Les coraux de cette première plongée sont disposés en blocs formant de nombreuses cavités dans lesquelles les poissons viennent se cacher. Deux tortues décollent à notre arrivée. Un thazard nous suivra un bon moment. C’est une très belle plongée.  

Dangle Ben pinnacle : Soleil voilé, bonne visibilité, pas de courant.

 Nous partons dans l’autre sens cette fois-ci. Lorsque nous rejoignons le bord du tombant, les plongeurs de tête aperçoivent une raie léopard qui s’enfonce immédiatement. Nous poursuivons parmi un champ de corail noir à une profondeur de 30m. Un banc de grosses carangues passe en-dessous de nous et la raie léopard refait une apparition que seule ma caméra verra, mais l’image est vraiment très furtive. Sous les blocs de coraux, j’éclaire un gros poisson ange français, plus loin, un couple de poissons bourse pose sous mes lumières ou encore une belle langouste. Nous somme ensuite encerclés par un banc de Créoles, jolis poissons bleus. Il est temps de remonter, nous avons déjà pas mal de paliers. Normalement, nous devrions ici ne faire que des plongées sans décompression, nous en aurons cependant quelques fois. Nos S80 sont suffisamment gonflés pour les réaliser en toute sécurité car nous ne consommons pas grand-chose ici.

Bery’s dream : bonne visibilité, soleil, pas de courant

Nous plongeons avec Béatrice aujourd’hui. Elle nous emmène sur ce récif posé sur le sable jusqu’à plus de 30m. Nous commençons par visiter deux récifs artificiels. Le premier bloc a reçu des greffes de corail, le deuxième rien. Les coraux se sont développés visiblement à la même vitesse sur les deux, rendant difficile au regard de distinguer les deux sources de vie. Lorsque nous approchons l’endroit le plus profond de notre plongée, Serge aperçoit une belle raie pastenague enfouie dans le sable. Je m’approche pour la filmer lorsque Béatrice se met à hurler dans son détendeur. Elle est de l’autre côté d’une roche à côté d’une raie léopard que je ne verrai donc pas… Pas de chance avec ces raies ! Nous poursuivons et croisons un lambi, des calamars, une serpentine et un gros diodon.

Maggy’s point : Soleil, bonne visibilité, pas de courant

Nous replongeons sur un récif un peu moins profond que le précédant (22m) bordé de sable. Nous rencontrons les espèces habituelles lorsque Béatrice se met à gesticuler dans tous les sens. Elle a le nez sur une éponge et écarte tout plongeur qui voudrait s’en approcher. Une fois tout le monde équilibré, elle nous montre sa découverte : deux poissons crapaud gris sont posés sur l’éponge. Nous essayons tous de les pixelliser puis repartons. Nous trouverons une autre raie pastenague qui s’envole lentement pour s’écarter de nous.

 Coral garden : Plongée de nuit, petit courant

 Nous ne faisons pas une plongée de nuit exceptionnelle. Nous voyons peu de choses différentes que ce que nous pouvons voir de jour. A noter tout de même une cigale de mer géante et un oursin crayon. 

 Nose reef : Temps couvert, visibilité bonne mais sombre, pas de courant  

Nous sommes nombreux aujourd’hui contrairement aux autres jours (12 personnes contre 5/6 maximum les jours précédents). Lorsque nous apercevons cette jolie petite tortue, un plongeur palme tellement fort qu’il soulève plein de particules, rendant les prises de vues médiocres. Cela commence à m’agacer sérieusement lorsque je vois une pauvre éponge pleine de mousse blanche, je pense alors à tort qu’un plongeur l’a broyée. Ce joli tombant descend assez profond et nous nous arrêtons vers 30m. Le fait qu’il fasse sombre renforce les couleurs des vidéos avec mes lumières. Une autre tortue prend son envol à notre approche et s’enfonce paisiblement dans le bleu. Lorsque nous remontons sur le récif, nous croisons beaucoup de mousse blanche… Nous nous faufilons parmi les gorgones et tombons sur une éponge géante en éruption ! Visiblement, nous sommes en train d’assister à la reproduction de ces éponges, il neige sous l’eau !

Rena’s reef north : Visibilité moyenne, courant soutenu, soleil

 Ce doit être une superbe plongée lorsqu’il n’y a pas de courant. Les poissons se réfugient dans les grottes et trous qui ponctuent ce site. Nous nous dirigeons vers une grosse grotte qui nous permet de traverser le récif. Harald me fait passer devant pour que je puisse bien filmer. Mais il n’y a pas beaucoup de vie dans la grotte. Parfois, il parait que l’on peut y croiser des requins nourrices, ce ne sera pas le cas aujourd’hui. J’essaie de ne pas trop remuer le sable  pour les suivants et éclaire tous les recoins de la grotte. Bon nombre de langoustes y habitent. Lorsque je sors, je sens que le courant a forci. Je me plaque au sol pour attendre tranquillement les autres. Nous passons le reste de la plongée à fureter parmi les blocs de récifs qui créent comme un labyrinthe ponctué de cavernes dans lesquels les poissons sont cachés aujourd’hui, comme cet immense diodon de presque un mètre ! Je n’en avais jusque là jamais vu d’aussi gros ! Mais le courant est trop fort pour que je puisse filmer quoi que ce soit, surtout que pour retourner au bateau, nous devons palmer courant de face, ce qui rend la fin de plongée plus sportive.

Il s’agissait là de notre dernière plongée, mais nous ne le savions pas encore. Une fois rentrés, la mer a commencé à grossir et former une grosse houle rendant les sites non praticables. De plus, un avis de tempête, peu commun à cette époque de l’année, nous fera aider Harald à sortir son bateau. Nous ne le verrons pas dans l’eau à notre départ, deux jours plus tard.

 Nous profiterons de cette dernière journée pour visiter un peu Roseau, son jardin tropical dans lequel il n’y a quasi aucun panneau si bien que l’on ne peut pas identifier les arbres qui poussent ici. Même les perroquets sont éloignés de la visite par des cages aux grillages étroits disposés à plus de dix mètres des visiteurs.Nous déjeunons dans un charmant restaurant, assis autours d’une table sur une terrasse. De l’autre coté de la rue, d’un autre balcon sort une musique jouée assez forte…locale !

Nous rentrons préparer nos bagages et descendons au club pour boire un dernier verre et faire nos adieux à nos charmants hôtes d’East Carib Dive. 

L’Express des îles arrivera avec un léger retard, mais surtout, n’arrivera pas à débarquer et embarquer les bagages sur la place qui lui est réservée au port… Nous nous dirigerons alors vers le port militaire plus adapté, mais cela nous fera prendre un retard total de trois heures.  Nous avons donc passé une semaine complète sur cette ile très sauvage, où les routes un peu défoncées se tortillent en bord de mer suivant les aléas des rivages déchirés et où le grand luxe des hotels d’autres destinations n’est pas du tout le standard. Une destination où se retrouvent les amoureux des destinations peu touristiques nichée entre la Guadeloupe et la Martinique. Une ambiance comme un retour à une situation plus proche de la nature, offrant des fonds préservés en plongée, une nature débordante en surface ! Un vrai repos dans ce monde qui s’agite…

L’accueil que nous ont réservé Béatrice et Harald était vraiment très professionnel, mais aussi et surtout très chalereux ! Je pense ne jamais retrouver ailleurs ce charmant mélange de langues lorsqu’Harald fait un breefing : 3 mots en anglais, un en français et deux en allemand !!! Mais on comprend bien ce qu’il veut dire ! 

Epilogue

Lorsque nous arrivons à Fort de France, le taxi qui nous emmène à l’aéroport est bien là. Je regarde alors mon portable : Air Caraïbe m’a adressé un SMS, l’avion a lui aussi trois heures de retard. Nous irons alors nous promener à la pointe du bout en empruntant la navette depuis Fort de France que nous aurons à nouveau rejoint par taxi. Pas bien sympathique d’ailleurs les taxis locaux : sur les deux que nous avons empruntés en dehors de ce qui était prévu par l’agence, les deux n’ont pas fait démarrer leur compteur et nous ont plus ou moins arnaqué. Je n’avais encore jamais rencontré ce genre d’accueil réservé aux touristes ailleurs. Des comportements comme ça ne jouent pas en leur faveur, ni en faveur du tourisme local. Espérons que nous sommes tombées sur des cas isolés…

La vidéo des plongées du voyage : Dominica…rasta ! 

Photos réalisées par Françoise : Galerie photos sous marines

Le club de plongée : East Carib Dive

L’hôtel proche de Salisbury : Tamarind Tree Hotel